A l’époque des logiciels CD, le développement informatique était rythmé et organisé par des cycles longs : il fallait attendre un ou deux ans avant qu’une nouvelle version du logiciel soit mise sur le marché. Entre temps, aucune amélioration fonctionnelle n’était envisageable, ce qui évidemment ralentissait le rythme des innovations. Grâce à l’émergence des logiciels web (Saas – Software as a Service), le déploiement des améliorations est beaucoup plus régulier. L’adoption croissance des méthodologies agiles (la méthode Scrum par exemple) a considérablement réduit les cycles de développement afin de s’adapter plus rapidement aux demandes des clients et d’être le plus pro actif possible. Dans le cas d’un site internet, les méthodologies de travail sont amenées à suivre celles des logiciels web et à rétrécir les cycles de développement.
Il faut toutefois reconnaître que ces méthodologies agiles sont plus compliquées à mettre en œuvre dans la pratique. Elles supposent une équipe très organisée en interne et un état d’esprit qui va à l’encontre des schémas habituels. Dans les faits, peu nombreux sont les sites web à avoir mis en place ces méthodes innovantes. Les méthodologies de développement classiques dominent encore largement (mais pour combien de temps ?).
Une nouvelle version du site web est parfois la seule solution possible
Dans certains cas, il faut le reconnaître, il n’y a pas d’autres solutions que de créer une nouvelle version du site web. Autrement dit : de réaliser une refonte intégrale avec tout ce que cela implique (changement de CMS, d’arborescence, etc.).
Cas 1 – Votre prestataire vous abandonne en vous laissant une plateforme inutilisable
Les conflits avec les prestataires sont malheureusement fréquents. Certains prestataires peu scrupuleux peuvent utiliser des technologies désuètes ou bien faire appel à des développeurs qui ne respectent pas les standards. Le problème, en cessant la collaboration avec un prestataire, est qu’il n’est pas évident derrière de retrouver un nouveau prestataire acceptant de retravailler une base déjà existante. Repartir de zéro est alors quasiment la seule solution.
Cas 2 – Nécessité de changer de CMS ou de technologie Back End
Le choix initial de la technologie peut ne pas être satisfaisant et remis en question pour diverses raisons. Une technologie prise en elle-même peut certes être améliorée, mais elle comporte par nature des limites indépassables. C’est comme si vous aviez acheté une voiture de ville et que vous vouliez faire un rallye avec. Vous pouvez améliorer votre voiture pour l’adapter à la conduite sur des chemins sinueux et boueux, mais vous rencontrerez évidemment des limites qui tiennent à la structure de la voiture. A la fin, si vous tenez vraiment à faire votre rallye, vous devrez fatalement changer de voiture et vous procurer un 4 x 4. Pour les technologies web, c’est la même chose. WordPress par exemple n’est pas très bien adapté aux sites de e-commerce, même si ce CMS propose plusieurs plugins e-commerce pour améliorer votre interface (Woocommerce par exemple). La seule solution possible, si votre site se développe ou que souhaitez le faire passer à la vitesse supérieure, sera tout simplement de changer de CMS.
Dans ces deux cas, l’origine du problème réside dans de mauvaises décisions initiales : mauvais choix de prestataire ou mauvais choix de technologie. Pour éviter les coûts importants qu’implique toujours une refonte totale du site, soyez vigilant et prenez le temps de bien réfléchir avant de créer votre site internet. La Fabrique du Net a publié plusieurs articles donnant des conseils pour bien choisir son presta et sa solution web. On ne saurait trop vous inviter à y jeter un œil !
Une refonte complète du site web, faute de l’avoir amélioré petit à petit ?
Quand on parle de « nouvelle version » d’un site web, on ne fait pas forcément référence à une refonte complète. La plupart des sites qui proposent de « nouvelles versions » ont en réalité seulement changé quelques paramètres d’affichage, ajouté quelques fonctionnalités, sans pour autant reprendre le développement de zéro. Dans la pratique, nouvelle version rime souvent avec petites améliorations back ou front et/ou changement de design. Ces améliorations sont rapides à réaliser et offrent des résultats parfois très satisfaisants.
De nombreux sites fonctionnent sur ce modèle d’amélioration discontinue. Cette méthode a souvent la préférence des agences qui préfèrent agréger plusieurs demandes d’un seul coup plutôt que de traiter chaque demande en particulier au fil de l’eau. C’est plus facile de traiter un cahier des charges qui comporte cinq ou six améliorations plutôt que cinq ou six cahiers des charges espacés dans le temps comportant à chaque fois une seule amélioration. De nombreux dirigeants d’entreprise prennent soudain conscience des améliorations dont le site pourrait bénéficier. Après cinq mois d’absence d’actions sur le site, on se dit : ah tiens, il faudrait faire ça, ça, ça et puis ça, et puis ça aussi d’ailleurs etc. Le développement du site est discontinu et les phases de travail interviennent une fois tous les ans par exemple. Dernière explication du succès de cette méthode de travail (assez classique il faut le dire) : les entreprises n’ont pas toujours le budget suffisant ni la taille suffisante pour mettre en place des process d’amélioration continue.
Cette méthode est indubitablement meilleure que celle qui consiste à ne rien faire, à ne jamais rien développer de nouveau, mais comporte de nombreux inconvénients très concrets et logiques :
- Il est plus difficile d’analyser la performance des changements réalisés lorsqu’on effectue plusieurs changements d’un seul coup. Si par exemple vous changez un paramètre qui a un impact positif sur votre site et en même ajoutez une fonctionnalité qui a un impact négatif, vous aurez l’impression que rien n’a changé (le « + » et le « – » s’annulant). Vous faites alors fausse route…
- En réalisant plusieurs changements en même temps, il est difficile, après coup, de revenir sur les mauvaises modifications (celles qui ne sont pas appréciées des utilisateurs par exemple). Le risque est donc accru.
- Plus globalement, on observe que le niveau de finition est souvent inférieur quand on utilise cette méthode de développement. L’expérience montre que la fin du projet est souvent bâclée, à cause du retard pris.
Mettre en place une démarche d’amélioration continue
Pour remédier aux inconvénients d’une refonte complète mais aussi à ceux des améliorations discontinues, de nouvelles méthodes ont vu le jour, fondées sur une démarche d’amélioration continue.
Un changement d’état d’esprit
Une démarche d’amélioration continue implique des cycles de développement beaucoup plus courts qui permettent de tester en continu de nouveaux changements. Les boucles des cycles étant plus courts, il est beaucoup plus facile de revenir sur un mauvais changement : vous n’avez qu’à l’annuler au prochain cycle.
Pour améliorer son site de manière continue, les développeurs avec lesquels vous travaillez devront travailler beaucoup plus vite et être plus réactifs. Votre relation avec eux devra donc être beaucoup plus étroites. Les développeurs devront être en mesure de vous livrer leur travail dans des délais d’une à deux semaines maximum. Toute la chaîne de développement doit travailler au même rythme, pour éviter les goulots d’étranglement en aval, mais aussi en amont : les dirigeants et l’équipe « Produit » sont amenés à travailler de manière beaucoup plus régulière afin d’être capables de toujours spécifier les nouveaux besoins et de tester les derniers changements en continu.
Au final, c’est un tout nouveau état d’esprit qu’il faut acquérir et une méthode de travail beaucoup plus souple et collaborative. La démarche d’amélioration continue reprend d’ailleurs à cet égard certaines idées issues de l’open innovation.
C’est une méthode des petits pas qui va à l’encontre des habitudes perfectionnistes de certains : on avance par essais et erreurs, les erreurs étant tout de suite rectifiées au fur et à mesure des cycles. Expérimentale, cette méthode peut paraître perturbante et jugées trop tâtonnante. En un sens, ce n’est pas faux. Mais sur internet plus qu’ailleurs, le tâtonnement est la règle (que l’on pense au SEO). N’oubliez pas que vous évoluez dans un univers, le web, en perpétuelle évolution tant du point de vue des fonctionnalités que des habitudes des internautes. L’adaptation au changement est une des clés de la durabilité des activités web.
Amélioration continue et nouvelles versions du site web
Cet article a peut-être tendance à donner une vision un peu trop schématique des process de développement web. Il y aurait la refonte intégrale OU la méthode des changements périodiques par paquets OU la méthode d’amélioration continue. En réalité, ces différentes manières d’envisager l’optimisation d’un site web peuvent se concilier.
Il n’est pas interdit par exemple de chercher à améliorer de manière continue son site, avec des cycles de développement de deux semaines par exemple, tout en construisant une réflexion générale sur des changements plus lourds qui pourraient intervenir et donner naissance à la création d’une toute nouvelle version. On voit bien comment ces deux approches se complètent très bien d’ailleurs : grâce à une veille continue et à des expérimentations effectuées et analysées sans relâche, vous acquerrez une connaissance très fine du sujet extrêmement utile pour concevoir une nouvelle version du site. Les grandes idées et les grands projets ont toujours trouvé leur source dans un patient travail d’expérimentation préalable.
Il est certain que des difficultés d’ordre organisationnel peuvent faire obstacle à cette double-approche. Ce serait mentir par omission que de ne pas les mentionner. Autrement dit : c’est plus facile à dire qu’à faire. Concrètement, cela implique deux modèles de travail et d’organisation différents sous bien des aspects. Sans vouloir minimiser cette difficulté, sachez qu’il existe plusieurs outils permettant de concilier les différentes approches de développement (le site de versioning de code collaboratif GitHub par exemple).
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