eFounders, fondé en 2011 par Thibaud Elziere et Quentin Nickmans, n’est pas une startup comme les autres. Sa mission et son travail ? Faire éclore des idées de startups en interne et sélectionner des porteurs de projet ultra-compétents pour transformer ces idées en success stories entrepreneuriales. eFounders finance la moitié du capital des startups ainsi créées et met à la disposition des porteurs de projet tout son savoir-faire, avant de les laisser voler de leurs propres ailes. eFounders n’est donc pas un incubateur, mais un startup studio, comme il en existe finalement encore très peu au niveau européen (on pense ici à Rocket Internet notamment, spécialisé dans le secteur du e-commerce). En 5 ans d’existence, ce sont pas moins de 9 startups qui sont sorties de l’écosystème eFounders, dont certaines pépites comme Mailjet ou FrontApp. Retour sur l’origine, le fonctionnement et les réalisations de cette aventure incroyable.
eFounders, le premier startup studio SaaS européen
eFounders a été créé en 2011 par un Français – Thibaud Elziere – et un Belge – Quentin Nickmans, deux serial-entrepreneurs plein d’imagination. Capitalisant sur son expertise et sur son expérience, eFounders souhaite maintenant passer à la vitesse supérieure et lancer 4 startups par an.
Origines & chiffres clés
A l’origine de eFounders, lancé en 2011, il y a deux personnages : Thibaud Elziere et Quentin Nickmans. Il n’est pas inutile de revenir rapidement sur leur parcours hors-norme. Thibaud Elziere débute sa carrière au sein de la société d’hébergement Amen, aux côtés d’Oleg Tscheltzoff. En 2004, ils décident de revendre la société et fondent l’année suivante la célèbre banque d’images Fotolia. Fotolia est cédée en décembre 2014 à Adobe pour la coquette somme de 800 millions de dollars (près de 650 millions d’euros). Thibaud Elziere se reconvertit alors dans le métier de business angel, ce qui ne le satisfait pas vraiment : ce qu’il souhaite, ce n’est pas seulement constituer un portfolio de startups, mais participer à la mise en place des startups. C’est dans cette période d’intenses réflexions qu’il fait la rencontre de Quentin Nickmans. Belge de nationalité, celui-ci a travaillé dans le conseil en management d’entreprise (au Boston Consulting Group), avant de reprendre une entreprise de livraison à domicile (Eating Desk), qu’il finit par revendre. Les deux personnages complémentaires décident de créer eFounders, en 2011, à Bruxelles. Ils ont ouvert depuis des bureaux ultra-modernes à Paris, dans le 9ème arrondissement.
En quoi consiste eFounders ? Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas du tout d’un incubateur à startup comme on en voit fleurir par dizaines depuis quelques années. eFounders se positionne comme un « startup studio ». Un « startup studio », pour définir très simplement les choses, c’est une startup dont la mission consiste à créer et à développer d’autres startups. Pas n’importe quelles startups. eFounders développe des logiciels SaaS à usage quotidien et cible des entreprises de 20 à 2000 employés. A ce jour, eFounders est à l’origine de 9 startups, dont certains noms vous disent surement quelque chose : Mailjet, Aircall, Front, TextMaster, Spendesk, etc.
Décryptage du modèle
eFounders développe des startups suivant un modèle complètement différent de ceux des incubateurs. Concrètement, c’est eFounders qui fait émerger en interne des idées innovantes de logiciels SaaS, avant de tester leur validité sur le marché. Si le test s’avère concluant, l’équipe recrute deux personnes (futurs CEO et CTO) pour mettre en oeuvre l’idée au sein de l’éco-système eFounders. Les idées à l’origine des startups développées par eFounders ont toutes leur origine dans le cerveau imaginatif des deux fondateurs et de la core team, composée d’une quinzaine de personnes.
Pour bien comprendre les choses, voici les différentes étapes du modèle de fonctionnement d’eFounders :
- Recherche en interne d’idées innovantes dans le domaine des logiciels SaaS, avec un focus sur les produits à forte récurrence d’usage.
- Test de faisabilité et analyse du potentiel économique de l’idée (market validation).
- Détermination d’un business model et rédaction d’un business plan après validation du projet. Le process qui va de l’analyse du potentiel à la rédaction du business plan s’étale en général sur deux / trois mois. Environ une idée sur dix est validée.
- Recherche de deux futurs co-fondateurs (un CEO pour la partie business et un CTO pour la partie technique) pour mettre en application le projet.
- Création de la société en propre huit à neuf mois après l’arrivée des co-fondateurs. Recrutement d’une équipe pour développer le produit.
- Développement du produit avec l’appui financier et opérationnel (marketing, communication, design, etc.) de eFounders… Le startup studio apporte la moitié du capital de départ (entre 300k et 600k) et lègue la moitié des parts à l’entreprise – un business model qui nécessite un fond de roulement assez impressionnant. L’objectif est que la startup devienne rentable et prenne son indépendance au bout de 18 mois, après une levée de fonds auprès d’investisseurs.
La core team de eFounders, qui développe les idées et accompagne les startups lancées, est composée (seulement) d’une quinzaine de personnes aux profils variés : design, développement, marketing, produit, etc. Le tout forme une équipe disposant d’une culture startup très forte (méthodes agiles, growth hacking, etc.) avec une excellence opérationnelle vraiment impressionnante il faut le reconnaître. Les startups développées bénéficient par ailleurs du gros réseau d’investisseurs et des outils d’eFounders – bref de tout un éco-système. C’est vraiment toute une organisation – millimétrée et très structurée – qui est mise en place au sein d’eFounders pour développer les startups et en faire des championnes. Thomas Elzière aime d’ailleurs à rappeler que l’organisation d’eFounders se situe au croisement de la rigueur à l’allemande et de la créativité de la Silicon Valley.
Gage de réussite, la sélectivité des candidats pour diriger et développer les projets est très (très) forte. Thibaud Elzière et Quentin Nickmans s’en occupent d’ailleurs directement et recherchent clairement des profils hors du commun parmi les quelques 150 candidatures reçues chaque mois. La plupart des profils sont issus de grandes écoles et sont sélectionnés pour leur créativité, leurs compétences en gestion de projet mais aussi leurs expériences professionnelles. A ce jour, seul un projet a échoué.
eFounders place la question du recrutement au coeur de ses enjeux stratégiques. Le startup studio recommande d’ailleurs aux entreprises qui prennent leur envol de créer un poste à temps plein de chargé de recrutement une fois qu’elles atteignent le seuil de 20 salariés.
Ambitions d’eFounders
eFounders est à l’origine de cinq startups entre sa création en 2011 et 2015. Quatre nouvelles startups ont vu le jour en 2016, quatre projets sont dans le starting blocs pour 2017 et eFounders entend bien garder ce rythme parla suite. C’est l’une des grosses ambitions du startup studio : mettre un coup d’accélérateur et « industrialiser » la création de startups en capitalisant sur la forte expérience acquise. Thibaud Elziere souhaite également développer une sorte d’agence en interne disponible uniquement pour le startups de l’éco-système eFounders et qui proposerait des prestations payantes dans les domaines du marketing, de la vente ou des relations publiques. Autre ambition : la volonté de développer beaucoup plus la communication autour d’eFounders afin de gagner davantage de visibilité auprès des entreprises mais aussi et surtout dans l’optique du recrutement. eFounders souhaite en effet développer sa marque employeur et développer son image pour attirer plus de talents. L’industrialisation de eFounders entraîne nécessairement un besoin croissant de porteurs de projet et d’employés pour constituer les équipes de développement.
Quentin et moi rêvons de créer un modèle qui soit aussi scalable que celui d’un éditeur de logiciels, aussi diversifié qu’un fonds d’investissement et aussi agile qu’une startup.
Cette citation de Thibaud Elziere résume assez bien le coeur des ambitions de eFounders pour les années à venir. L’orientation « SaaS » qui fait partie de l’ADN d’eFounders doit permettre cette scalabilité. Quant à la diversité d’eFounders, elle existe déjà mais devrait s’accroître dans les prochaines années au rythme du développement des nouvelles startups. Le portfolio d’eFounders devrait dépasser les 20 startups d’ici les cinq prochaines années – réduisant les risques financiers. Quant à l’agilité, elle est rendue possible par la taille réduite de la core team et la prise rapide d’indépendance des startup lancées (18 mois).
Zoom sur les 5 startups d’eFounders : Mailjet, TextMaster, Mention, Front & Aircall
Mailet, TextMaster, Mention, Front et Aircall sont les cinq premières startups développées au sein d’eFounders au cours de ses quatre premières années d’existence. Aujourd’hui, ces startups, réunies, font travailler plus de 250 personnes (à Paris, New York et San Francisco essentiellement), sont valorisées pour 125 millions de dollars, génèrent un revenu mensuel récurrent (MRR) de 1,5 million de dollars et ont levé au total 50 millions de dollars. Ce qui est frappant, c’est aussi la croissance extrêmement vive de ces entreprises, qui double pratiquement chaque année. Tour d’horizon de ces cinq pépites.
Mailjet
Mailjet est une solution d’emailing positionnée à ses débuts sur les emails transactionnels, mais proposant désormais une plateforme d’emailing tout-en-un (transactionnel + marketing). La qualité de son interface d’utilisation est un des gros points forts de Mailjet sur ses concurrents. Mailjet a été fondé en 2010 par Julien Tartarin et Wilfried Durand et lancé en 2011. Le logiciel est très apprécié des développeurs, en raison de la richesse de son API. La startup, actuellement dirigée par Alexis Renard, est aujourd’hui leader européen de l’emailing..
Pour en savoir (beaucoup) plus sur cet outil puissant, découvrez notre avis et test complet de Mailjet.
TextMaster
TextMaster est une marketplace proposant des services de traduction professionnelle en ligne lancée en 2011. Elle met en relation des traducteurs indépendants (plus de 20 000, couvrant 40 langues et 40 domaines d’expertise) et des particuliers ou professionnels souhaitant faire traduire des documents. Fondée en 2011 et dirigée par Thibault Lougnon, la startup a réussi à boucler une levée de fonds de 4 millions d’euros en juin 2015, lui permettant de négocier un nouveau virage dans son développement. TextMaster renforce sa présence à l’international et espère dépasser les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016 (et 100 millions d’ici les cinq prochaines années !). La tarification des traduction dépend du nombre de mots, mais aussi de la langue et de la complexité des contenus. La startup compte aujourd’hui plus de 5 000 clients – essentiellement des entreprises (parmi lesquelles Google et Canal +) et emploie une quarantaine de personnes.
Vous souhaitez faire traduire votre site internet ? Nous vous invitons à découvrir notre guide « La traduction du site web : coût, prestataires et organisation du projet« .
Mention
Mention est un outil de veille média et sociale lancé en 2012. Créé par Edouard de la Jonquière, Arnaud Le Blanc et Didier Forest, Mention permet à ses utilisateurs d’être informés en temps réel, grâce à des notifications, sur les personnes qui « mentionnent » leur nom sur les réseaux sociaux, les sites d’actualité, les blogs, les forums, etc. Disposant depuis 2014 de locaux à New York (en plus de Paris), Mention peut se targuer d’avoir pas moins d’un demi million d’utilisateurs répartis dans plus de 125 pays, dont 4 000 entreprises souhaitant mieux gérer leur e-reputation. Mention a signé un partenariat avec Buffer en 2013. L’outil a été adopté par les community managers de sociétés aussi prestigieuses que Microsoft, Spotify, GitHub ou Century 21.
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Front
Front a été lancé en 2014 par Mathilde Collin et Laurent Perrin. Il s’agit d’un outil de messagerie professionnelle qui vise à rendre beaucoup plus souple, plus rationnelle et plus collaborative la gestion des emails. L’idée est par exemple de pouvoir gérer des adresses « contact@ » ou « recrutement@ » à plusieurs, sans devoir en passer par un système de transferts et de copies. Front a développé plusieurs partenariats technologiques (avec Salesforce notamment) pour pouvoir être intégré à d’autres solutions. L’application compte aujourd’hui plus de 1 000 clients-entreprises, de HubSpot à LVMH. A noter que Front App a levé très récemment (mai 2016) près de 10 millions de dollars, signe de son énorme potentiel d’adoption !
Si cela vous intéresse, nous sommes récemment revenu sur le succès de la levée de fonds de Front dans l’article : « L’art du pitch en startup – 6 exemples de pitch & zoom sur le deck de la série A de FrontApp« .
Aircall
Créé en 2014 par une équipe réunissant Olivier Pailhèse, Jonathan Anguelov, Pierre-Baptiste Béchu et Xavier Durand, Aircall est un logiciel 100% cloud de support téléphonique collaboratif. La startup, qui est composée d’une équipe réduite à 5 personnes pour le moment, cible les PME souhaitant optimiser la gestion de leur support téléphonique. Aircall permet de créer son propre call center avec des numéros locaux dans une quarantaine de pays, de gérer les appels de manière collaborative, de les intégrer dans son CRM et de suivre les performances. A l’heure où ces lignes sont écrites, Aircall vient tout de juste de boucler une levée de fonds de 8 millions de dollars en vue d’un développement à l’international (aux Etats-Unis principalement). Aircall, en pleine phase de développement, s’apprêtent à renforcer ses équipes. La startup revendique aujourd’hui plus de 1 600 clients.
Et la nouvelle génération : Spendesk, Forest, Illustrio et Hivy
En 2016, quatre nouveaux logiciels développés au sein de l’écosystème eFounders ont vu le jour : Spendesk, Forest, Illustrio et Hivy, en partie grâce à une levée de fonds de 6 millions de dollars auprès d’Oleg Tscheltzoff. Cette nouvelle génération de logiciels vise une cible plus large d’entreprises.
Spendesk
Spendesk est la startup qui fait le plus parler d’elle. Co-fondé par Rodolphe Ardant, Spendesk offre une solution de gestion des paiements simplifiée intégrant les dernières innovations bancaires. La solution permet aux équipes en charge des achats de travailler de manière beaucoup plus souple, tout en laissant aux managers des outils très fins de contrôle et de validation des dépenses. L’idée est simple : l’entreprise abonde son compte Spendesk par virement bancaire et ouvre les accès aux équipes, qui peuvent ensuite réaliser leurs achats en ligne. Des cartes physiques nominatives permettent de réaliser les achats hors-ligne. La solution est d’ores et déjà utilisée par des sociétés comme Deezer ou Webedia.
Forest
Forest Admin a été développé par David Verbustel (CEO) et Sandro Munda (CTO). Elle permet de créer des interfaces admin hautement personnalisables et souples sans voir besoin de développer le frontend. L’objectif de cette application est de faire gagner du temps aux CTO de startups, pour qu’ils puissent se concentrer sur le développement des produits.
Illustrio
Illustrio est une banque d’images comportant à l’heure actuelle près de 20 000 images (13 000 icônes et 6 500 illustrations) destinés à permettre aux marketeurs et aux rédacteurs web d’illustrer de manière plus convaincante les contenus qu’ils conçoivent. Fondé par Sébastien d’Ursel (CEO) et Raphaël De Giusti (CTO). Le point fort d’Illustrio – et son principal élément de différenciation – est que les images sont personnalisables directement sur l’interface de la solution en ligne via un éditeur. Une fonction qui permet de créer des images uniques, que l’on ne retrouve pas sur la toile.
Hivy
Hivy est une application permettant aux employés de faire remonter à leurs supérieurs des feedbacks, des signalements ou des demandes de manière très simple. Les managers reçoivent les requêtes sur un tableau de bord et disposent d’une palette d’outils pour les traiter (ajout de commentaires, acceptation/refus de demandes, gestion des assignations, etc.). Hivy est une application mobile, utilisable par conséquent depuis son smartphone ou sa tablette. Il est possible aussi d’utiliser le service depuis son ordinateur, via Slack. L’objectif d’Hivy, qui cible les entreprises jusqu’à 500 salariés, est d’améliorer la communication entre les équipes. La startup revendique déjà plus d’un millier d’utilisateurs en Europe et aux USA, parmi lesquels Blablacar et Zenchef.
Pour en savoir plus sur Slack, un outil de collaboration incroyable, nous vous invitons chaudement à lire notre avis complet sur le phénomène Slack, sa croissance et ses usages.
Qui sait, on publiera peut-être un autre article sur eFounders pour vous présenter les quatre nouvelles pousses du millésime 2017 !
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