Le cycle en V désigne une méthode de gestion de projet modélisée en 1900 par Harold Mooz et Kevin John Forsberg, deux ingénieurs. Elle est dérivée du modèle en cascade. Il s’agit d’une méthode linéaire, qui prend en compte toutes les étapes de la vie d’un projet. Elle se caractérise par une succession de phases qui structurent les processus de conception, de développement et de validation.
Quelles sont les étapes de cette méthodologie, ses avantages et ses limites ? En quoi est-elle différente d’autres méthodes de gestion de projet ? Nous répondons à toutes vos questions !
- Une méthode cadrée dès le départ par une phase d’analyse et de documentation ;
- Un processus de planification strict pour un déroulement linéaire du projet ;
- Une maîtrise des coûts avec un budget défini en amont ;
- Une haute qualité attendue pour le produit fini ;
- Une méthode peu compatible avec les changements.
Origine et définition du cycle en V

D’où vient la méthode du cycle en V ? Dérivée de la méthode en cascade, elle a été conceptualisée en 1990 par deux ingénieurs, Kevin John Forsberg et Harold Mooz. En réalité, elle a été utilisée dès 1980 pour développer des systèmes satellites. Puis, les deux ingénieurs l’ont adaptée au développement de logiciels et de systèmes critiques.
Le cycle en V est nommé ainsi, car la lettre V permet de représenter schématiquement le cycle. En effet, elle se traduit par une phase descendante, suivie d’une phase ascendante. Une phase de conception est suivie d’une phase de mise en œuvre, puis de validation.
Chaque phase de réalisation est associée à une phase de validation. Cette méthode comprend donc toutes les étapes du cycle de vie d’un projet.
Les fondements du modèle en V pour la gestion de projet
La méthode de gestion de projet de cycle en V repose sur une planification stricte. Le système a donc une approche rigide et linéaire. La phase descendante du V concerne la conception et le développement du produit. La phase ascendante est réservée aux tests et à la validation.
Dans ce cadre, le MOA (maître d’ouvrage) définit les objectifs à atteindre et valide les livrables à chaque étape. Le MOE (maître d’œuvre) effectue la réalisation technique jusqu’au produit final.
Les étapes clés de la méthode cycle en V

- Analyse des besoins pour un planning de projet efficace ;
- Phase de conception fonctionnelle et de conception détaillée ;
- Développement et mise en œuvre du projet ;
- Tests unitaires, tests d’intégration et validation ;
- Déploiement du produit final et maintenance.
Analyse des besoins et définition des exigences du projet
L’analyse des besoins marque le départ du projet. Son rôle est de définir les besoins du client et de comprendre ses exigences. Cette phase est décisive, car elle permet ensuite le bon déroulement du projet.
Le MOA transmet au MOE les spécifications fonctionnelles attendues. Il s’agit de la traduction technique des besoins du client. Chaque attente devient une fonctionnalité sur le produit final. Cette phase donne lieu à un cahier des charges.
Phase de conception fonctionnelle et conception détaillée
La conception fonctionnelle ou générale consiste à structurer le projet en différents composants. Elle définit l’architecture du projet et les technologies à mettre en place. Cette étape de conception est importante, car elle permet de valider la faisabilité technique et financière du produit. Elle peut donner lieu à une modification du cahier des charges en cas de blocages.
La phase de conception détaillée est un document technique qui évoque les différentes spécifications fonctionnelles. Quel est son rôle ?
- Décrire toutes les fonctionnalités du projet en détail et notamment leurs interactions avec les autres éléments du système ;
- Donner des informations sur l’UX et les interfaces utilisateur ;
- Définir les exigences techniques, le matériel et les processus à utiliser :
- Tenir compte des données existantes.
Développement et mise en œuvre du projet
Le développement du projet repose sur les spécifications validées lors des phases précédentes. Celles-ci sont transformées en code qui va mener à la mise en œuvre du produit final.
Tests unitaires, tests d’intégration et validation
Les tests unitaires sont destinés à évaluer des composants définis durant la phase de conception détaillée. Ils doivent permettre de tester individuellement chaque fonctionnalité du produit. Concrètement, dans un projet informatique, la section du code concerné est isolée pour déterminer si la réponse est conforme aux attentes. Par exemple, cela permet de vérifier qu’appuyer sur un bouton présent sur un système le met effectivement en marche.
Les tests d’intégration, quant à eux, permettent de placer les composants obtenus dans le système. Cette étape est nécessaire pour vérifier que les différents éléments fonctionnent correctement ensemble dans des conditions réelles. Par exemple, on peut vérifier qu’une automatisation mise en place se fait selon les attentes du client.
Cette phase offre la possibilité de faire des corrections si besoin. Elle débouche sur la validation du produit, lorsque celui-ci est prêt à être déployé.
Si l’on se réfère à la gestion de projet agile, et notamment à la méthode Scrum, les tests sont menés différemment. Des tests interviennent au niveau des sprints qui correspondent à des phases de développement. Dans un tableau Kanban, les tests sont des tâches attribuées durant la phase de développement.
Déploiement du produit final et maintenance
La recette intervient à la fin du projet. Elle permet de vérifier que le produit livré correspond bien aux exigences du DSI. Une fois ce dernier intégré, alors débute la phase de maintenance. Son objectif est de s’assurer que le produit est conforme aux attentes des utilisateurs et fonctionne correctement. La phase de maintenance peut donner lieu à des correctifs et des améliorations.
Les avantages et inconvénients de la méthode cycle en V dans la gestion de projet
Avantages
-
Processus structuré et documentation complète
-
Maîtrise des coûts, des délais et de la qualité du produit
-
Une méthode adaptée aux contextes maîtrisés
Inconvénients
-
Une méthode peu flexible face aux changements
-
Des interactions limitées avec le client et les utilisateurs finaux
-
Une complexité à revenir en arrière dans les phases
Les avantages de la méthode cycle en V
Quels sont les avantages de la méthode de gestion de projet du cycle en V ?
Processus structuré et documentation complète
Cette méthodologie de gestion de projet est simple à mettre en place. Son processus est très structuré. Chaque étape nécessite la rédaction d’une documentation spécifique qui facilite le pilotage du projet ainsi que son suivi.
Maîtrise des coûts, des délais et de la qualité du produit
Le cycle de vie du projet est totalement pris en charge par le cycle V. Cela permet de :
- mieux estimer les coûts du produit final ;
- respecter les délais impartis pour la livraison du produit ;
- assurer la qualité du produit avec une méthode de gestion qui effectue des tests unitaires, puis des tests d’intégration.
Une méthode adaptée aux contextes maîtrisés
Le cycle en V est une méthode de gestion de projet adaptée lorsque les besoins du client sont clairs et peu susceptibles d’évoluer. Par exemple, un client qui souhaite mettre en place une automatisation pour envoyer un mail de relance aux clients qui ont abandonné leurs paniers. Le besoin est clairement délimité, sans évolution future.
Limites et inconvénients du cycle en V
Les inconvénients du cycle en V sont les suivants :
- Une méthode peu flexible face aux changements ;
- Des interactions limitées avec le client et les utilisateurs finaux ;
- Une complexité à revenir en arrière dans les phases.
Cette méthode est donc moins souple que la gestion de projet agile.
Une méthode peu flexible face aux changements
Le problème de la méthode en V est sa rigidité, qui ne permet pas d’inclure des changements en cours de réalisation. Les équipes subissent un effet tunnel qui les mène à la réalisation du projet. Si un client veut intégrer un changement, il sera trop tard, une fois que le projet est lancé.
Imaginons qu’un client souhaite développer un logiciel SEO à l’image de Yourtextguru. Il souhaite obtenir un produit qui réalise une analyse sémantique d’un contenu. Cependant, il n’est pas prévu que le logiciel donne un nombre de mots à retirer en cas de suroptimisation ou à ajouter en cas de sous-optimisation.
Si le client souhaite que cette option soit disponible, une fois le projet lancé, la méthode du cycle en V, ne le permet pas. Tout changement de la part du client ne peut pas être intégré. Cela implique de recommencer le processus.
Des interactions limitées avec le client et les utilisateurs finaux
Le client est consulté au départ, puis ses retours interviennent tardivement dans le processus. Il peut y avoir une inadéquation du produit final avec les besoins des utilisateurs si la phase de cadrage n’était pas suffisamment détaillée.
Une complexité à revenir en arrière dans les phases
Les phases du cycle de vie du projet sont toutes prises en compte par le système en V. Néanmoins, il est très difficile de revenir sur les phases ultérieures en cours de projet. Les ajustements peuvent être complexes et augmenter le coût global du produit.
Exemples d’usage du cycle en V selon le type de projet
Le cycle en V est une méthode de gestion de projet qui peut être utilisée dans des applications diverses :
- Création de logiciels de contrôle aéronautique ou de logiciels automobiles embarqués ;
- Applications destinées aux professionnels de la santé ;
- Construction de centrales électriques ou de ponts ;
- Conception de système de communication militaire ;
- Création de systèmes de défense.
Projets à forte exigence de validation et de sécurité
Certains projets nécessitent d’être parfaitement sécurisés et de bénéficier de validation à chaque étape. Par exemple, la construction d’un bâtiment complexe, comme une centrale électrique de nombreuses exigences réglementaires. Des tests et une validation à chaque étape de la construction sont indispensables.
Développements logiciels en environnement contrôlé
Dans le domaine aéronautique, un système embarqué doit être d’une fiabilité à toute épreuve. Le logiciel de contrôle de vol ne doit pas dysfonctionner et doit être testé de manière rigoureuse selon un processus strict. Pour le développement de ce type de produit dans un environnement contrôlé, le cycle en V est la méthode idéale.
Cycle en V vs méthodes agiles : quelles différences en gestion de projet ?
La gestion de projet agile est une approche très différente du cycle en V, puisqu’elle repose sur la capacité à s’adapter aux changements. Voici un comparatif de ces deux méthodologies :
Méthode agile | Cycle en V | |
Processus | itératif, le projet est découpé en différentes étapes | non itératif : le projet est envisagé dans son ensemble dès le départ |
Planification | réunions régulières avec le client et planification par itération | cahier des charges établi en début de projet |
Équipe | équipe pluri-disciplinaire | cloisonnement des tâches |
Documentation | peu importante, elle se construit au fur et à mesure | documentation conséquente rédigée en début de projet |
Livraison | fractionnée pour inclure des ajustements | en une seule fois |
Détection des risques | présente tout au long du projet avec une certaine réactivité | tardive, car il faut attendre la fin de la phase de développement |
Deux philosophies de gestion opposées
Les deux méthodes de gestion de projet sont opposées. Le cycle en V repose sur une planification rigide. Il n’est pas conçu pour subir des changements de la part du client. Au contraire, la gestion de projet agile inclut les retours du client dans son processus et une adaptation continue.
Par exemple, en appliquant la méthode Scrum, des réunions sont prévues entre chaque sprint avec de dernier. Elle permet d’ajuster le projet selon de nouveaux besoins. La méthode Kanban est aussi flexible, car elle intègre la priorisation des tâches. Certaines d’entre elles peuvent être reportées ou modifiées au fil du temps.
Comment choisir entre le cycle en V et une méthode agile ?
Pour savoir pour quelle méthode opter, posez-vous ces questions :
- Le client a-t-il une vision précise du projet à livrer ou souhaite-t-il apporter des ajustements en cours de développement ?
- Le client souhaite-t-il communiquer régulièrement avec les équipes ou non pour connaître l’avancement du projet ?
- Le client a-t-il des exigences de sécurité ou des normes strictes à respecter pour son projet ?
- Le projet peut-il être découpé en différentes parties ou doit-il être vu comme une globalité ?
Les réponses à ces questions vous orienteront vers la méthode en V ou une gestion agile.
Conclusion : quand privilégier la méthode du cycle en V ?
La méthode du cycle en V est à privilégier lorsque :
- Un projet est clairement défini par le client, par exemple dans le cadre d’un appel d’offres ;
- Le projet a un caractère technique et doit se conformer à des normes spécifiques et un cadre structuré ;
- L’exigence de qualité du produit fini est élevée.
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