Plus qu’un outil, Slack est un phénomène révolutionnant le travail en équipe et la gestion de projets collaboratifs dans le sens d’une souplesse inédite. La croissance de cet outil accès B2B est tout simplement prodigieuse. Créé par Stewart Butterfield (le fondateur de Flickr) et déployé en 2014 seulement, Slack est aujourd’hui valorisé à près de 4 milliards de dollars. Il s’est imposé partout, notamment dans les startups où il est devenu l’outil de travail central dans presque toutes les équipes. Slack est aujourd’hui utilisé en interne par des sociétés aussi prestigieuses et diverses que WordPress, Airbnb, Buzzfeed, eBay, Pinterest mais aussi par Harvard, Sony, HBO jusqu’au New York Times.
Pourtant, Slack est loin d’être la première et la seule plateforme collaborative. Comment expliquer un tel succès ? Chez La Fabrique du Net, cela fait plus d’un an que nous utilisons Slack sans modération. Cet outil nous a complètement séduit, et immédiatement. Nous venons d’ailleurs de lancer la communauté Slack FDN, une plateforme d’échanges ouvertes à tous. C’était une bonne occasion de présenter le phénomène Slack à ceux qui ne connaissent pas ou peu cet « email killer ».
La croissance hors norme de Slack
Avant d’en venir au fonctionnement de Slack et à ce qui en fait un produit unique en son genre, un focus sur la croissance de cet outil s’impose. Elle est, on l’a dit, prodigieuse et a de quoi rendre jaloux et/admiratifs tous les startupers et autres entrepreneurs en herbe. Des succès comme celui de Slack, on n’en voit pas tous les jours.
Une croissance jamais vu pour un outil B2B
Slack est déployé depuis 2014. Le succès a été vif et immédiat, comme en témoignent les chiffre de croissance. En octobre 2014, soit huit mois seulement après son lancement, Slack était déjà valorisé plus d’un milliard de dollars. Le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens ne cesse de grossir : 500 000 en février 2015, 1,1 million en juin 2015, 2 millions en décembre 2015. A l’heure où cet article est écrit, Slack frôle les 3 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Ces utilisateurs quotidiens sont vraiment pour le coup des utilisateurs actifs. Le terme « hyperactifs » serait sans doute même plus proche de la réalité, car les utilisateurs de Slack sont en moyenne connectés…9 heures par jour sur la plateforme (dont 2h15 d’utilisation active). Le constat est clair : Slack rend accroc tous ses utilisateurs.
Slack
Une croissance globale en nombre d’utilisateurs… mais aussi en chiffre d’affaires
La croissance de Slack est d’autant plus incroyable qu’il s’agit d’un outil freemium. Il existe une version gratuite, mais qui atteint rapidement ses limites, surtout si vous faites un usage compulsif de la plateforme (ce qui est à prévoir). La version gratuite ne permet d’accéder qu’aux 10 000 derniers messages partagés sur Slack et ne permet d’intégrer que 10 outils (on reviendra sur ce point important dans la deuxième partie). Pour le moment, il existe deux versions payantes, à $6,67 (sic) et $12,50 dollars. Précision importante : il s’agit d’un tarif par utilisateur actif. Si vous êtes 15 à utiliser Slack, une petite multiplication s’impose. Vous trouvez ça cher ? C’est surement que vous ne connaissez pas encore Slack ! A noter qu’une version payante destinée aux grandes entreprises sera bientôt disponible. Elle est dans les starting blocks.
Tout ça pour dire que Slack n’est pas gratuit si vous voulez en tirer toutes les potentialités. Ce qui rend d’autant plus incroyable la croissance de Slack. On en revient au point de départ. Contrairement à des services comme Twitter ou Snapchat, ce n’est pas seulement le nombre d’utilisateurs qui affiche des taux de croissance démesuré. C’est d’ailleurs un aspect intéressant pour ceux qui s’intéressent au modèle économique des startups. Slack a un business model, et l’a depuis son lancement. Slack génère de l’argent depuis le début. Ce qui va un peu à l’encontre du modèle des startups (la fameuse matrice AARRR) qui consiste dans un premier temps à augmenter la base d’utilisateurs actifs, la rétention et la viralité avant de chercher à monétiser (le dernier « R » de la matrice). C’est ce que nous expliquions récemment dans l’article « Comprendre le Growth Hacking en 5 minutes« .
En 2015, plus de 135 000 utilisateurs avaient déjà opté pour un abonnement payant. Sur la même année, Slack tirait 12 millions de dollars de revenus récurrents annuels de ses abonnements et en générait un nouveau million tous les 11 jours. En clair, la croissance du CA d’une semaine à l’autre a souvent été supérieure à 2 chiffres en 2015. On n’a malheureusement pas les chiffres pour 2016.
La croissance de Slack est globale et la pénétration de l’outil est forte dans toutes les mégalopoles mondiales. Comme on peut le constater dans la capture d’écran du dessous, la plateforme collaborative a réussi à conquérir le monde à une vitesse fulgurante :
Quel est le secret de la réussite de Slack ? C’est à cette question que nous allons maintenant essayer de répondre (au moins indirectement) en présentant les principales forces de Slack.
Zoom sur les principales forces de Slack
Une expérience utilisateur agréable et ludique
L’expérience utilisateur est l’une des clés du succès de Slack. Echanger sur Slack est mille fois plus agréable que d’échanger par email. De l’aveu même de son fondateur, l’idée de Slack est issue d’un constat : les gens se plaignent de l’email, one en marre de l’email. Même si les plateformes ont bien évolué depuis le début des années 2000, avec l’arrivée de Gmail notamment, l’email est mal conçu pour la gestion de projets. La gestion des emails est chronophage et en plus parasitée par les centaines de mails marketing ou automatiques (type emails de notification) que reçoivent chaque jour les professionnels dans leur boîte de messagerie.
Slack est une réponse au caractère ennuyant et rigide des emails. Mais cela ne suffit pas à rendre compte du succès de Slack, car il existe déjà des dizaines de plateformes alternatives de collaboration et d’échange. Ne serait-ce que Facebook Messenger, plus utilisé qu’on ne le croit parfois pour un usage pro. Une des raisons du succès de Slack, c’est que cet outil est non seulement plus efficace, mais aussi plus agréable à utiliser : les couleurs, les petites animations et même le son lorsqu’on envoie un message contribuent à faire de l’expérience utilisateur de Slack quelque chose d’assez unique.
Cet article, vous l’aurez compris, n’est en rien un tutoriel de Slack. Vous en trouverez des dizaines sur internet si cela peut vous aider. Mais bon, parce que tout le monde ne connaît pas encore très bien Slack, rappelons brièvement comment ça fonctionne. Pour entrer dans le vif du sujet, voici à quoi ressemble l’interface :
Slack est un outil collaboratif de gestion de projets destiné à rendre plus efficace et plus « agile » le travail en équipe. Dans cette capture d’écran, on peut voir l’interface du groupe HM Digital, qui est la société éditrice de La Fabrique du Net. L’administrateur de ce groupe, qui est en l’occurrence Yassine Hamou Tahra, l’un des fondateurs de La Fabrique, a créé ce groupe pour organiser la gestion du projet La Fabrique du Net (ou plutôt de tous les projets liés à FDN). L’administrateur a invité tous les collaborateurs de ce projet à rejoindre le groupe.
Slack permet d’abord à tous les membres du groupe de communiquer entre eux en temps réel via un chat (la partie inférieure de la colonne de gauche). Mais Slack est bien sûr beaucoup plus qu’un chat. Ce qui fait l’originalité de Slack, ce sont les « channels », qui constituent des canaux de diffusion de contenus sur des thématiques en particulier. Dans le groupe de La Fabrique, il y a un channel consacré à la partie « contenus » du site, un autre pour la partie « marketing », un autre pour le reporting, etc. Les channels peuvent être publics (= accessibles à tous les membres du groupe) ou bien privés (accessibles à un nombre restreint de membres, sélectionnés par l’administrateur). Lorsque l’on clique sur un channel, la partie centrale de l’interface affiche le fil de diffusion relatif au channel en question. A tout moment, l’administrateur peut intégrer de nouvelles personnes dans le groupe, lesquelles pourront accéder à tout l’historique lié au channels du groupe. Il y a aussi une fonction de recherche de documents très utile, accessible en cliquant tout en haut à droite de l’écran :
Documents Word, PDF, Excel, Zip, images, vidéos, liens : sur Slack, on peut tout partager. Et tout ce qui est partagé est archivé et donc facilement retrouvable. Slack ne sert pas seulement à partager des contenus, mais aussi à archiver du contenu. On peut même partager des bouts de code, grâce à l’option Snippet. Les principaux langages web sont supportés :
On aura l’occasion dans un instant de revenir sur les fonctionnalités de Slack. Mais si cet outil a rencontré un tel engouement, ce n’est peut-être pas seulement pour ces fonctionnalités et la qualité de son interface. Slack, c’est aussi fun et cool. C’est un aspect bien plus important qu’on pourrait le penser. Le design de la première version de Slack a été pensé par l’agence MetaLab. C’est cette agence qui a créé le logo, le site vitrine et les applis mobiles de Slack (le tout en six semaines !). Depuis, Slack a fait appel à d’autres collaborateurs et a fait l’objet d’enrichissement. Mais le design est resté très proche de celui de la première version. Un article très intéressant de Medium essaie de comprendre les raisons du succès de Slack, en se penchant sur le travail réalisé par MetaLab. Trois raisons sont invoquées :
- Slack est visuellement différent de ses concurrents, plus moderne, plus dynamique, bref plus cool. Beaucoup plus de couleurs notamment (des couleurs de jeu vidéo), loin de la grisaille de certaines solutions, mais aussi une police incurvée qui fait écho à la souplesse de l’outil, des smileys à droite et à gauche, des emojis à tire larigot, des icônes cools. Voyez la comparaison Slack VS Hipchat, deux solutions qui proposent à peu près les mêmes fonctionnalités.
- Slack, c’est aussi des animations ludiques et personnalisées, notamment grâce au Slackbot (on ne parlera tout à l’heure). Autant d’interactions, parfois minimes, qui contribuent à donner une âme à l’outil et crée un climat que l’on pourrait presque qualifier de joyeux.
- Slack, c’est enfin une manière nouvelle de s’adresser à ses utilisateurs, un ton. Slack, c’est aussi ces petites citations pleine d’humour et bien pensée que l’on trouve lorsqu’on se connecte sur la plateforme ou à la suite de certaines interactions avec le logiciel. une manière de s’adresser aux utilisateurs et d’interagir avec eux que l’on retrouve sur les posts Twitter de Slack.
Comparaison Slack (à droite) VS Hipchat (à gauche) :
Bref, le succès de Slack, ce n’est pas seulement des fonctionnalités en béton. C’est aussi un état d’esprit et une atmosphère de travail inédits.
Intégration avec des centaines d’outils
L’une des grandes forces de Slack réside dans la possibilité d’intégrer et de synchroniser les principaux outils web : Twitter, Google Drive, Dropbox, Asana, GitHub, Zendesk, Mailchimp, Trello, Skype, Nagios, Google +, Facebook, etc. Ces intégrations permettent de suivre en temps réel l’activité sur vos différents outils web depuis une seule et même interface : Slack.
Par exemple, en connectant Slack à Trello (vous ne connaissez pas Trello ? Découvrez comment organiser la rédaction de vos articles comme un pro grâce à Trello (ça rime)), en connectant Slack à Trello donc, un push automatique sera automatiquement envoyé dans le ou les channels Slack de votre choix suite à des actions dans Trello : création d’une nouvelle carte, déplacement d’une carte d’une colonne à l’autre, message, etc. Vous pouvez choisir pour quels types d’activités vous voulez être notifié. A La Fabrique du Net, nous avons intégré Trello au channel #fdn_content pour être mis au courant sur Slack dès qu’un article est publié, passé de brief à relecture, ou dès qu’une nouvelle idée d’article est proposée par un rédacteur.
L’intégration fonctionne de la même manière pour tous les autres outils web. En connectant Twitter à Slack, toutes les notifications Twitter remonteront automatiquement dans le channel de votre choix. Là encore, vous pouvez décider du type de notification que vous souhaitez voir remonter. Vous pouvez aussi utiliser l’intégration RSS pour organiser votre veille sur Slack : les publications des sites que vous suivez apparaîtront directement dans vos channels Slack. Slack, par ce système d’intégration, répond au problème que constitue la prolifération des outils web et permet de gagner des dizaines voire des centaines d’heures. Vous n’êtes plus obligé de vous connecter à toutes vos applications et de passer sans cesse de l’une à l’autre. Tout est centralisé sur Slack. Ces possibilités d’intégration sont extrêmement pratiques et peuvent se prêter à des usages infinis.
Slack propose des connecteurs pour les principaux outils web, dans tous les domaines (Analytics, Marketing, Communication et réseaux sociaux, etc.) :
Pour la petite histoire (mais au fait, d’où vient Slack ?) : Avec sa société « Tiny Speck », Stewart Butterfield lance en 2011 « Glitch », un jeu multijoueur. L’échec est cuisant. Le jeu ne trouve pas son public. Par contre, le fondateur de Flickr a remarqué que le système de communication utilisé dans le jeu avait séduit les utilisateurs. Stewart Butterfield et les développeurs de Tiny Speck planchent alors sur un nouveau projet intégrant le système de communication de Glitch. C’est de cette manière qu’est né Slack. Finalement, la genèse de Slack est assez proche de celle de Flickr, qui lui aussi est en partie issu d’un jeu multijoueur : Game Neverending (pour ceux que ça intéresse).
Moteur de recherche interne
Slack permet de partager tous types de contenus et d’accéder à toutes les notifications relatives à vos outils web préférés. Mais il indexe aussi tout ce qui est publié dans le groupe et permet donc d’archiver et de sauvegarder tous les échanges de documents et de contenus (dans la limite des 10 000 derniers messages si vous êtes en version gratuite). Et ça, c’est très pratique. Le moteur de recherche de Slack est l’une des forces de la plateforme. Il permet à tous les membres de retrouver en quelques secondes des documents ou messages échangés il y a plusieurs mois. Les algorithmes utilisés sont vraiment très performants et analysent aussi le contenu des documents partagés. Vous pouvez exporter tous les messages de vos channels en JSON.
Le petit plus : Slack est un service en SaaS, accessible directement depuis votre navigateur. Mais on peut aussi utiliser Slack en mobilité et en multiplateforme grâce à l’application mobile de Slack, gratuite. L’appli est disponible sur iOS, Android et Windows Mobile.
Slackbot et autres chatbots
Une autre force de Slack réside dans son Slackbot et ses « chatbots ». Le Slackbot (littéralement : robot de Slack) est un assistant personnel qui vous assiste dans la configuration de votre profil Slack. Lors de l’inscription, il vous demande votre prénom, votre nom, etc. Il vous pose plusieurs questions pour vous aider à compléter les informations de votre compte. Mais « il » revient aussi vers vous à chaque fois que vous installez une nouvelle application ou utilisez un nouveau service sur Slack. Bref, c’est un parfait compagnon. Le Slackbot illustre à la fois la simplicité d’utilisation de Slack mais aussi les efforts dépensés par les développeurs pour « humaniser » au maximum l’outil. Vous pouvez aussi configurer plusieurs réponses automatiques :
Le Slackbot permet une personnalisation dynamique de l’interface très sympathique. Certaines applications intégrables sur Slack peuvent utiliser le Slackbot ou bien créer leur propre bot conversationnel. A La Fabrique du Net, on a créé par exemple un chatbot « Statsbot » qui envoie tous les jours sur le channel « #fdn_reporting » un reporting extrait de Google Analytics. On peut définir les KPI qu’on souhaite recevoir dans le rapport en configurant le Slackbot (à condition de lui parler son langage à lui – il ne comprend pas encore très bien l’anglais…).
Il y a vraiment un immense potentiel là-dessus. Il y a tout à parier que ce concept des robots assistants personnels prendra de l’importance dans les années à venir, avec des robots de plus en plus performants. A suivre.
Communautés ouvertes sur Slack
Le tableau ne serait pas complet si on ne parlait pas des communautés Slack. Les communautés constituent des espaces d’échange ouverts à tout le monde et utilisant la plateforme Slack. Il en existe de plus en plus, chaque jour apportant son lot de nouvelles communautés. Vous en trouverez une très bonne liste (non exhaustive) sur le site de Medium.
Nous vous annonçons d’ailleurs solennellement l’ouverture de la communauté FDN Slack (dont vous pouvez voir un aperçu juste au-dessus). Nous nous ferons un plaisir d’échanger avec vous, de vous donner des feedbacks et des conseils sur vos projets web, vos choix techniques, votre stratégie marketing et de manière plus large toutes les problématiques liées à votre business web. Le tout en instantané et gratuitement. La porte est ouverte à tous les entrepreneurs du web.
Pour résumer, ce qui fait le succès de Slack, c’est la qualité de l’environnement de travail qu’il propose. Le terme « environnement » est ici particulièrement adéquat. Slack, c’est un tout qui à une richesse fonctionnelle incroyable et à une interface simple et intuitive joint une atmosphère ludique. Bref, cet outil nous a définitivement conquis. Mais ça, vous l’aviez déjà compris.