Coder son site web soi-même, fausse bonne idée?

De nombreuses formations pour apprendre à coder existent. Lorsque le budget est limité, on peut être tenté de coder son site internet seul. Seulement, au delà du temps passé à se former, coder soi-même son internet puise aussi beaucoup d’énergie. Et pour ceux qui préfèrent concentrer leurs efforts sur le coeur de leur activités, de nombreuses outils no code sont disponibles pour créer son site sans coder. La Fabrique du Net vous aide à évaluer les pour et les contre.

Première étape, définir les termes de la question. Que signifie « coder son site internet» ?

Coder ne veut pas dire grand-chose dans le contexte de la création d’un site web. Je connais des gens qui codent des fonctions assez complexes en Turbo Pascal, et qui seraient bien embêtés si on leur demandait de coder un site web.

Il y a des centaines de langages informatiques différents, et tous ne sont évidemment pas utiles pour créer un site web. Pour comprendre de quoi on parle, il faut d’abord rappeler le fonctionnement général d’un site web. Quand on tape une URL dans son navigateur web, on envoie une requête au serveur web.

Selon la requête, le serveur web fait appel à la base de données ou exécute certains scripts, puis il renvoie au client, c’est-à-dire le navigateur, la réponse. Du côté serveur, on utilise un langage de script comme le PHP, le Python ou le Ruby (et bien d’autres..). Ce langage de script génère du code HTML, et c’est votre navigateur web qui va interpréter le code HTML pour afficher la page web.

Côté client, on utilise donc le langage HTML pour structurer le contenu d’une page, mais également CSS pour la gestion des styles, et le Javascript pour dynamises les pages (exemple : message de confirmation qui apparait sans rechargement de page).

Quand on cherche à « apprendre à coder » pour créer un site web, on cherche à maitriser le socle minimum de connaissances pour réaliser un site web de A à Z. Cela ne signifie pas nécessairement maitriser un langage informatique.

La simplicité croissante des CMS, les logiciels payants comme Wix ou Jimdo, ou même les CMS open source comme WordPress, permet de créer un site web sans connaissances préalables.

Dans le cas des CMS open source, il est toutefois difficile de ne pas avoir à modifier soi-même un peu de code HTML / CSS, voire du PHP, pour arriver à ses fins. Selon le type de site internet, et surtout la technologie utilisée, les compétences nécessaires sont très différentes.

Dans les faits, on dira généralement que quelqu’un sait coder quand il maîtrise correctement un langage côté serveur (très souvent le PHP pour commencer, même si le Ruby ou le Pyhon connaissent un succès croissant). La maîtrise de l’HTML / CSS, voire quelques bases en Javascript, se fait souvent assez naturellement lors de l’apprentissage du PHP et des premiers sites web créés.

De même, dès qu’on souhaite faire ses premiers tests en PHP, on est confronté à des questions de BDD (avec un peu de code SQL) et d’administration serveur pour la mise en place de l’environnement de travail.

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NON, il n’est pas utile de coder son site internet

Le porteur de projet web a déjà beaucoup de travail dans la création de site internet

Lancer une activité web ne se résume évidemment pas à la création de site internet. Même dans une activité 100% web comme une marketplace ou un logiciel SaaS, l’entrepreneur web doit jongler avec de nombreux sujets au quotidien : acquisition de trafic, traitement des leads, partenariats, financement, gestion RH, etc.

Malgré toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas tout faire. Il faut concentrer votre temps sur les domaines où vous avez le maximum de valeur ajoutée, et bien vous entourer pour les autres domaines. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas réussi à motiver un développeur web à rejoindre votre projet contre X% de votre powerpoint et d’une pizza le jeudi, qu’il faut essayer de devenir développeur vous-même et d’éviter les erreurs de développeur web junior.

Bien s’entourer, c’est très difficile, mais c’est l’un des facteurs clés de succès pour votre projet. Trouver un associé avec un profil technique n’est pas toujours simple, mais les solutions alternatives existent. En l’absence de l’associé idéal, vous pouvez travailler avec une agence web ou un freelance sur une version moins ambitieuse de votre projet (cf. Estimation coût projet web).

Votre version simplifiée, ou Minimum Viable Product (MVP), vous aidera à convaincre un développeur pour rejoindre pour équipe, ou un investisseur qui financera le recrutement d’une équipe technique,

Il est préférable d’utiliser un logiciel no code simplifiant la création du site

Si vous avez un besoin relativement simple, j’entends par là un site vitrine pour votre entreprise (présentation des services / produits, équipe, formulaire de contact, blog, etc.) ou un site e-commerce assez simple (moins de 200 références), les logiciels de création de site web hébergés sont souvent une très bonne solution, comme Wix code.

Ces logiciels, comme Wix, Jimdo ou Shopify, permettent de créer un site web sans aucune connaissance technique. Pour 5 à 50€ / mois selon le logiciel niveau d’abonnement choisi, vous disposerez d’une interface très simple pour éditer les différentes pages de votre site.

Evidemment, ces logiciels offre moins de souplesse qu’un CMS open source comme WordPress ou Prestashop, mais ils sont incomparablement plus simples à utiliser. Conclusion, avant de vous jeter sur les tutoriaux de PHP, jetez un coup d’œil à notre comparatif des logiciels pour être sûr qu’il n’y a pas un logiciel capable de vous faire gagner beaucoup de temps.

OUI, il faut apprendre à coder

Le porteur de projet web doit développer une culture technique web pour son site internet

Apprendre un langage informatique, pourquoi pas si cela vous aide à développer une culture technique web. Que vous travailliez avec une agence, un associé développeur ou une équipe technique en interne, avoir une bonne culture technique est toujours un atout précieux. On pense bien sûr à la communication avec les développeurs, mais ce n’est pas peut-être pas le plus important.

En comprenant mieux le fonctionnement de votre site web, son architecture, ses contraintes, vous serez beaucoup plus à même d’orienter les améliorations du site web. Autrement dit, vous proposerez des idées plus pertinentes, plus précises, et surtout, vous serez davantage à même de mettre en place une démarche continue d’amélioration du site web. Une culture technique minimale est aussi très utile en marketing web. On pense naturellement au SEO, qui suppose de bonnes connaissances en HTML, en scrapping et optimisation de performance, mais pas seulement.

Quelques exemples : plan de taggage et installer google Analytics, gabarits coder emails HTML / css, suivi délivrabilité, requêtes SQL pour un tableau de bord, etc. En design web également, une culture technique minimale, au moins au niveau HTML / CSS, est très utile, voire même indispensable à l’heure du responsive design et des nouvelles possibilités offertes par l’HTML 5.

Pour être concret, voici quelques exemples de situations courantes dans lesquelles on est très content d’avoir une culture technique minimale.

• Le site web ne fonctionne plus: vous devez redémarrer le serveur depuis l’interface de votre hébergeur.
• Votre stagiaire n’arrive pas à mettre en page un article de blog: un peu de bidouille HTML / CSS quand l’éditeur WYSIWYG atteint ses limites. Exemple typique, vous devez rajouter un « float: left » dans une image pour qu’elle s’incruste correctement dans l’article de blog.
• Vous devez changer le logo d’un partenaire sur votre site : vous pourriez contacter votre agence ou un développeur, mais si vous connaissez un minimum votre site, cela vous prendra sûrement autant de temps de les contacter que de le faire vous-même.
• Un utilisateur rapporte un bug: vous devez répliquer le problème, si possible identifier les facteurs ou la logique à l’origine, et le formaliser précisément sous la forme d’un ticket pour les développeurs. Dans certains cas, vous pouvez avoir besoin d’accéder à la base de données pour vérifier certaines infos.

Il est possible de coder pour la création de site internet de manière très pragmatique

Depuis quelques années, les initiatives autour de l’apprentissage du code informatique se sont multipliées : émergence des MOOC, des cours en ligne interactifs et gratuits comme CodeAcademy, multiplication des écoles d’informatiques et des programmes intensifs comme Le Wagon, initiation à l’algorithmie dès la primaire dans le dans le cadre du Plan numérique, etc.

Il n’est pas nécessaire de s’enfermer à la bibliothèque avec un livre de 300 pages qui s’intitule « C » pour apprendre à coder. Beaucoup de gens apprennent en réalisant un premier site. Une semaine pour lire des tutoriaux (HTML / CSS, PHP, voire un peu de Javascript), et on se lance. Rien de mieux que la pratique, des allers / retours rapides entre Google / Stackoverflow et son NotePad++ pour progresser rapidement.

« Apprendre en faisant », c’est la devise de l’école 42 créé par Xavier Niel en 2013, une devise très inspirée de la pédagogie de la fameuse école d’informatique Epitech.

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